" Huis-clos "

L'atelier

"  ... c’est refermer la porte.

 

Ce n’est pas comme devenir fou ; c’est devenir fouêtre soi sans retenue et paradoxalement, en gardant toute sa tête. Ce n’est pas les années, ce n’est plus le début ou la fin de semaine, ni le temps de l'horloge, c’est le temps fluide, sans coupure inventée, c’est la lumière du jour ou la faiblesse d’une lampe qui fait semblant de vous accompagner, une lumière qui lutte contre le sommeil avant votre propre sommeil: une lumière qui sombrera avant vous. Ce n’est pas « demain il fera jour », c’est , maintenant, l'instant. Le Moment. C’est l’intuition qu’il faut le faire et en même temps s’y mettre. C’est la hâte balayée violemment par le faire. C’est s'insoumettre à l’inspiration et la séduction. C’est se persuader qu’on anticipe,  mais être toujours en retard ; c’est le besoin exclusif d’en savoir plus sur ce qu’on n’a pas encore entre les mains, ou si mal. C’est rendre existant bien au-delà de la production culturelle.

 

C’est le « merde » à tout et à tous qui isole et rend sourd. Un caprice incontournable qui sera jugé. Ce sont quatre murs d'émulation qui se rapprochent et qui vous font trouver vos limites. C’est rendre des comptes… à soi d’abord et faire patienter éternellement l’Autre. Ce n'est pas à comprendre... Il n'y a rien de glamour; c'est ce qui agite à l'intérieur. À l’extérieur alors, c’est justifier pour ne pas dire mentir, tant nous même on ne sait rien encore. C’est entendre au loin des murmures qui vous soutiennent, c’est essouffler avant de les faire disparaître. C’est entendre s’éloigner un décor aussi dilué que provisoire, c'est rendre infidèle en usant. C’est le huis-clos, avec des vérités essentielles qui passent tout proche ; d'abord dans votre esprit, puis entre vos mains... et enfin, qui prennent formes dans un espace. C'est le pétage de plomb et le second souffle du sportif qui vous font ressentir que vous avez raison... que ça se joue là et qu'il serait destructeur de se figer; c'est le lâché-prise, excitant, addictif, parfois un apaisant.

                                                         ...

C'est une musique forte... c'est le "petit caf'" qui dépanne jusqu'au suivant... c'est l'entourage, qui dépanne... jusqu'au suivant.

 

C’est un mouvement dont l’élan a sa raison d’être, puis il est et dure. Il nous engage en entier, le probatoire y serait ridicule. C'est une vie, une existence. Aux yeux de beaucoup elle est ludique ou inutile ; c'est aussi une poésie écorchée dont on se pare. Cet engagement nous fait machine à nous lever, à être à pieds d’œuvre, à nous coucher en pensant à ce qui vient de se passer ; c’est quand s’endormir vite est primordial pour que demain arrive plus tôt. C'est vouloir sortir vainqueur d'un combat perdu d'avance face au temps. C'est le décalage, la marge. C’est vouloir manipuler le temps et croire qu’on y parvient. C'est se rassurer. C'est stimulant et flippant. C’est courir sans réussir, ou courir trop vite. C’est se supplier de ne rien oublier de faire le jour suivant. C’est être son propre outil dévoué en-même temps que son propre garde-fou. C'est chialer ou rire à l'intérieur, et euphorisant. C'est se connaître intimement, pour soi.

C'est être l'idiot, la tête dans le guidon. Ça a le prix de pertes. C’est accepter de perdre et oublier aussi tôt. C’est au fond, vouloir savoir la suite, sans "mais" ou "si". C’est un petit insupportable qui revient souvent ; qui se traverse parce que l’expérience fait partie de l'enjeu. C’est accepter de manière chronique, parce que personne ne nous y force. Ça se présentait gentiment. Cela circule en nous, nous agite, circule en cherchant continuellement la sortie. C'est une abnégation griffée  ; mais une nécessité bienveillante qu'on se permet d'entendre. C’est autre chose, ça se passe ailleurs que dans un lieu visible... C'est baisser une musique pour écouter la notre.

 

Créer.

Rouvrir doucement ses yeux sur ce qui nous entoure simplement, puis la porte,

S'entourer et entendre le commun de nouveau,

C'est surtout,portes closes, re-commencer, ....

De l'intime confinement  "

 



Texte mis à jour par Florian POULIN le 9 juillet 2019

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